Le murmure ultime : comprendre le bruit de l’agonie avec les professionnels de santé

Publié le 8 octobre 2025

Dans les instants précédant le décès, un son caractéristique peut étonner l'entourage : le râle d'agonie. Ce phénomène physiologique ne traduit aucune douleur et sa compréhension permet de rassurer les familles tout en améliorant l'accompagnement de la personne en fin de vie.

Un phénomène naturel en phase terminale

À l’approche du dernier souffle, notre corps amorce une métamorphose subtile mais significative. La respiration évolue, tandis que des liquides peuvent stagner dans la gorge, créant cette sonorité si particulière.

Julie, soignante en unité de fin de vie, nous l’explique avec des mots simples :

« C’est simplement un peu de salive au fond de la gorge. Le son peut paraître impressionnant… mais cela ne fait pas mal. »

En fin de vie, l’énergie nécessaire pour déglutir normalement fait souvent défaut. Les sécrétions restent alors dans les voies respiratoires, générant ces gargouillis caractéristiques, cette sonorité liquide qui peut parfois rappeler un léger ronflement.

Une absence de douleur avérée

Ce qui marque le plus l’entourage, c’est fréquemment le son lui-même. Pourtant, les professionnels de santé le confirment :

Le râle terminal n’indique aucune souffrance.

La personne ne ressent aucune douleur, ne manifeste pas d’inconfort. Son corps opère simplement sa transition ultime. Pour les proches, ce moment revêt une intensité émotionnelle particulière, mais il est essentiel de ne pas y projeter une angoisse que la personne ne vit pas.

Combien de temps dure généralement ce processus ?

Habituellement, ce phénomène survient dans les vingt-quatre heures précédant le décès. Il peut parfois se prolonger, notamment lorsque la personne est accompagnée à domicile dans le cadre de soins palliatifs, entourée d’une atmosphère apaisante.

Cette période peut sembler longue, mais elle représente un moment où la présence des êtres chers prend toute sa signification : une main qui se pose, une voix familière qui murmure, une simple présence réconfortante.

Comment atténuer cette sonorité ?

Bien que non douloureux, le râle peut perturber l’entourage. Plusieurs gestes délicats permettent d’en réduire l’intensité et d’offrir du réconfort à chacun :

  • Tourner doucement la personne sur le côté pour faciliter l’écoulement des sécrétions
  • Soulever légèrement la tête et le buste
  • Humidifier les lèvres et la bouche avec un coton imbibé d’eau
  • Utiliser un dispositif d’aspiration, si celui-ci a été préconisé
  • Donner des médicaments réduisant les sécrétions, uniquement sur avis médical
  • Éviter les apports hydriques trop importants qui pourraient augmenter les sécrétions

Ces mesures ne feront pas disparaître complètement le bruit – car il s’agit d’un processus naturel – mais elles participent à créer une ambiance plus sereine pour tous.

Comprendre pour mieux accompagner

Le râle d’agonie s’inscrit dans le processus naturel de la fin de vie. Il n’exprime ni détresse ni souffrance pour la personne concernée. L’essentiel réside dans la qualité de présence, l’affection, l’attention bienveillante et l’accompagnement.

Parfois, le geste le plus significatif se résume à une main qui en serre une autre, une voix connue qui murmure, un silence réconfortant.

Car au-delà des manifestations physiques, persiste l’important : rester présent, avec délicatesse, jusqu’au dernier instant.